RÉALISATION : Stanley Kubrick. PAYS : G-B. GENRE : Film historique, drame. ANNÉE DE SORTIE : 1975. DURÉE : 3h 10 environ. DISTINCTIONS : Oscar des meilleurs costumes, des meilleurs décors, de la meilleure photographie, de la meilleur adaptation musicale. AVEC : Ryan O'Neal (Redmond Barry "Barry Lyndon") ; Marisa Berenson (Lady Lyndon) ; Patrick Magee (Le chevalier de Balibari) ; Hardy Krüger (Capitaine Potzdorf).
Synopsis : Au XVIIIe siècle en Irlande, à la mort de son père, le jeune Redmond Barry ambitionne de monter dans l'échelle sociale. Il élimine en duel son rival,un officier britannique amoureux de sa cousine mais est ensuite contraint à l'exil. Il s'engage dans l'armée britannique et part combattre sur le continent européen. Il déserte bientôt et rejoint l'armée prussienne des soldats de Frederic II afin d'échapper à la peine de mort. Envoyé en mission, il doit espionner un noble joueur, mène un double-jeu et se retrouve sous la protection de ce dernier. Introduit dans la haute société européenne, il parvient à devenir l'amant d'une riche et magnifique jeune femme, Lady Lyndon. Prenant connaissance de l'adultère, son vieil époux sombre dans la dépression et meurt de dépit. Redmond Barry épouse Lady Lyndon et devient Barry Lyndon, brute cruelle et arriviste. Plus dure sera la chute...
Mon avis : Les couleurs se déplacent à l'écran. Les costumes se dévoilent, véritable farandole de vêtements, se froissent, travaillés avec goût, où paraît la beauté frappante des textiles. Les décors, majestueux, se dressent, immenses, devant les personnages. Ceux-ci se placent, mouvement géométriques de leurs pas, classe incarnée, allure distinguée, et prennent la pose, au milieu de paysages somptueux. Et le spectateur, lui, regarde. Regarde ce qui est peut-être la plus remarquable définition du cinéma. Contemple. Découvre. Sa beauté froide, glaciale, tragique. Funèbre. Chaque plan paraît comme un tableau d'époque, où éclate sa symétrie, sa grandeur, sa virtuosité. Dans chaque visage se dessine cette même impression de perte inévitable. Cette fin. Cet échec, qui résonne et qui effraie chaque homme détruit par sa soif. Sa soif de pouvoir, de richesses, d'amour, qui le transformera en brute. On retrouve le même pessimisme qui obstine tant Kubrick. La même mélancolie oppressante. Le même combat torturé opposant les multiples facettes de l'être. Barry Lyndon est une oeuvre d'une grande beauté, gravement désincarnée, méditant douloureusement et constatant d'un regard triste la défaillance humaine et de ce qu'il en reste dans une société corrompue, s'éteignant, fondant comme une simple bougie. Une simple bougie, à la flamme dansante éclairant les nombreuses peintures où éclatera, à jamais, la froideur d'un monde courant à sa perte. 20/20.