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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 12:19

affiche-Sur-la-route-de-Madison-The-Bridges-of-Madison-Coun

Film dramatique américain réalisé par Clint Eastwood et sortit en 1995. 2h10.

Sur la route de Madison--3-

Un pont d'Amérique qui semble départir deux mondes.
Celui de l'homme et celui de la femme.
Il y a d'abord celui de l'homme. Un monde d'aventure, d'ombres et de mystère. Où chaque jour la vie se redécouvre, où la beauté enveloppant les êtres se goûte une nouvelle fois. Un monde où l'on observe les gens anonymes, pour les rencontrer, les effleurer, sans doute les aimer, puis les quitter et en rencontrer d'autre. Un monde instable, qui bouge. Un monde d'Afrique, d'Europe et d'Asie.
Et puis, celui de la femme. Un monde figé. Un monde tranquille. Bercé par la douceur attrayante du paysage de campagne. Une monde "correct", où les potins du voisinage circulent, laborieusement, entre les foyers. Un monde hors du monde, hors des gens. Qui se regarde lui-même, ne se concentre sur rien.

Sur la route de Madison est l'histoire d'un passage. D'une route, d'un ligne, comme une flèche, où ce pont agit comme obstacle, que des êtres désespérés et amoureux rêvent de franchir.
Cette envie de départ, elle n'a jamais quitté Francesca. Lorsqu'elle marche sur ce pont, Eastwood vient fixer son regard. C'est un désir qu'il trouve dans ses yeux. Brûlant, dévastateur. Un désir plus fort que tout, mais volontairement bloqué, tenté d'être oublié : Francesca est mère, épouse, à des obligations. C'est cette contradiction absurde que le film déplore et met en scène, cette question fondamentale : dois-je partir avec lui ? Cette vie de mystères, est-elle faite pour moi ? Aurai-je la force ?

Cela, Eastwood le filme avec une pudeur infinie. Son mélo classique tente une émotion diffuse, continue, perchée dans les regards et les gestes. Manquer ce furtif plan où Meryl Streep redresse le col et s'attarde sur l'épaule de son amant, manquer cette image rapide et fuyante d'une jambe qui effleure l'autre, c'est ne pas pouvoir saisir l'une des nombreuses clés de l'œuvre.
D'abord, le film ne semble rien dire de spécial, l'impression que chacun de ses gestes et dialogues pourraient être dits par n'importe qui, n'importe où, de n'importe quelle façon. C'est un leurre.
Chaque contre-champs sur un des protagonistes est signe d'un avancement dans la progression de leur ressenti quant à la situation posée par le film. Des yeux qui se baissent et qui se mouillent. Un corps courbé sur une chaise, une femme qui par la fenêtre regarde d'un œil étrange son hôte : tout ce qui fonde l'amour, tout ce qui fonde la vie, est là. A voir là, a sentir là. A vivre là.
Il y a d'abord la curiosité, puis le désir qui monte, puis le doute, puis la décéption, et l'amour à nouveau, qui recommence et ne nous quitte plus. La grande idée du film est par ailleurs de délimiter l'histoire sur quatre jours. Un jour pour chaque stade cité, chaque émotion habitée. Quatre jours qui sont tout une vie, qui verront la fuite du temps et l'angoisse de la perte.

Sur la route de Madison est un film d'une douleur et d'une beauté absolue. Vide de tout cynisme, empli d'un respect et d'une tendresse infinie pour ses personnages : jamais Eastwood ne jugera le choix final frustrant, pour elle et pour nous, de Francesca. Jamais son mari ne sera présenté comme le bouc-émissaire, celui auquel il faudra en vouloir : dans une courte et bouleversante scène suivant un bond dans le temps après la fin de la partie initiale du film, son mari, vieux et malade, s'excusera pudiquement de ne pas avoir pu lui faire vivre tous ses rêves. C'est un plan en plongée simple, fixe, quelques seconde de tendresse et de rapprochement désespéré.
Eastwood ne nous dicte rein. Ne juge personne. Il filme, simplement. Pose une courte histoire qui ressemble à la vie.
Son film, l'un des plus beaux films du monde, est, en quelque sorte, une histoire de fantômes. Appartenant à une époque révolue, accordant aux gens d'aujourd'hui - les enfants de Francesca - ; que Eastwood respecte et ne singe jamais, un véritable regard. Interloqué puis compréhensif.
A la fin, les cendres de Francesca seront jeté par-dessus le pont qu'elle n'aura jamais franchit. La caméra, dans un sublime ralenti - le seul du film - suivra leur mouvement de spectre s'inscrivant dans l'éternité.
Il faut alors imaginer Robert et Francesca ensemble, fantômes errant entre deux mondes indécidables, corps invisibles confondus jusqu'à l'infini, sentir le bouleversement que procure cette scène inexistante de deux âmes déliées puis très vite rattachées, qui se seront ratées dans la vie pour mieux se retrouver dans la mort.

 

 

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19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 10:34

Djangounchainedposter3

Western dramatique américain réalisé par Quentin Tarantino et sortit en 2013. 2h45

Django-Unchained

 

Un paysage ricain inondé de soleil et de corps noirs qui avancent, péniblement. Au milieu des dunes, les pieds menottés marchant sur des graviers brulants. Ils se suivent, las. La musique commence. Le titre s'affiche, en rouge, semblant sortir de leurs yeux : couleur sang, couleur vengeance. Ca ne va pas se passer comme ça. La file de corps fatigués sera vite dispatché, et le son de leur colère résonnera dans le monde entier. L'Histoire n'a qu'a bien se tenir. Il y aura du sang.

Toujours armé de son style singulier, Tarantino avance, depuis son dernier film, sur le douloureux sentier des crimes de l'humanité. Mais il restait, encore, dans Inglorious Basterds, une certaine superficialité des personnages, réduits au rang de pantin avec un cinéaste se regardant un peu filmer. Django Unchained, gommé de l'artificialité de son grand frère, marque ce qui est sans doute le renouveau de la maturité chez son auteur, un nouvel amour clamé à ses personnages, et au cinéma, toujours.

Ainsi Django va, baigné de références pops, de raps tonitruant, déchainé sur l'autel d'une Histoire qui s'est construit sur la douleur, glissant ses sabots marqués de noirs sur les pages jaunies d'une Amérique détestable et vouée à sa perte. On pourra dire de Django qu'il est un film léger. Sa drôlerie permanente, la bouffonnerie apparente des négriers présentés, portent il est vrai à confusion. Mais c'est qu'ils cachent, tous, les fragments d'une mélancolie contemplative et douce : lorsque Tarantino regarde ces paysages magiques et ces silhouettes qui avancent, las, c'est son pays qu'il regarde, qu'il affronte, caméra à la main, prêt à dégainer. L'œuvre est d'une douleur et d'une cocasserie infinie.

Chacun de ses sommets (La fameuse scène des Ku Klux Klan, par exemple, résumant à elle seule le film) relèvent d'une ingéniosité et d'une habilité, d'une finesse assez étonnante de la part d'un cinéaste qu'on croyait depuis quelques temps perdus dans les couloirs des auteurs prisonniers de leur style : lorsque l'on rit, de ces abjects se plaignant de ne rien y voir sous leur cagoule, il faut voir l'absurdité du monde tel qu'il s'est construit, à l'apparence soignée et belle (la mise en scène de Tarantino), juste un vernis lisse, cachant la douleur de ce qui s'y trame (le scénario) : c’est par l’unité entre la forme et le fond que le cinéaste captive. Et pour la première fois aussi, l'idéologie de la vengeance est filmée avec distance, distance encore incomprise.

Car Quentin a grandi. A muri. Il peut désormais nous raconter son histoire, l'histoire d'une Histoire dont les êtres ne supportent plus la trame, qui créée des envies de vengeance et de sang, des visages impassibles qui vont exploser, faire jaillir parce que n’en pouvant plus le liquide pourpre sur les chevaux blancs. Alors, comme toujours, les flingues dorment longtemps, et on cause, on cause, on cause de plus belle. Il y a, bien sûr, encore des scènes qu'il étire, où il dilate le temps, où se permet des instants de poésie suspendue : King Schultz racontant à Django l'histoire de cette princesse prisonnière du dragon, qu'un chevalier viendra sauver, Django captivé, Django qui écoute, le feu se reflétant dans la brillance de ses yeux. Le film est soudain très beau, très profond. Le mur devant lequel Schultz illustre son histoire devient toile, toile de cinéma, où tout peut s'y jouer, où tout peut s'y changer. Et dès lors que la violence (réaliste cette fois ci) explose, elle donne à l'œuvre tout son sens : rien d'infantile là-dedans, dans l'impassibilité de Django qui regarde un frère mourir, déchiqueté par les chiens, seulement le reflet d'un monde qui a créé des monstres de vengeance et d'humanité, les deux à la fois.

Dépourvu de tous manichéisme, toujours entre-deux, drôle dans la tragédie même, bouffon dans ses moments d'émotion, cruel dans son humanité, lucide dans son optimisme fou. Et ce en partie grâce aux acteurs : Samuel L. Jackson, splendide majordome noir avide de pouvoir et de puissance, élève un numéro d'autodérision vers une réflexion sur l'ambiguïté morale des êtres. DiCaprio est splendide de cruauté perverse. Waltz pétillant et vif, d'une intelligence implacable. Et Jamie Foxx, son Django, est plus sobre que finalement effacé, nègre habillé de velours, accoudé au bar, le regard droit, la main sur son flingue. Tarantino le filme, héros de western, douleur dans ses yeux, marques du fouet incrustées sur son dos, chevauchant les paysages à la recherche de son amour perdu. Sa quête est tour à tour hilarante et tragique, habitée d'une émotion pure mais jamais larmoyante, puisque celle de redécouvrir ce qu'on nous a volé, de redécouvrir ce plaisir si exquis d'attendre que les lumières s'éteignent, que les gens devant se taisent, que le bruit du projecteur se dessine dans le silence et que le générique commence, un plaisir d'enfant qui découvre un film adulte, ce film génial et stimulant, ce film, qu'au fond de nous, nous attendions tant. 18/20  

 

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 09:18

CUICUI

Thriller américain réalisé par  Alfred Hitchcock et sortit en 1963. 2 heures.

les-oiseaux-1963

D’abord, tout est calme. Le ciel est gris. Laiteux. Trouble. Baigné d’une lumière blanchâtre qui filtre les nuages. L’eau du lac est paisible, claire, bleue. Le vent souffle, doucement. Les girouettes tournent. Les volets se tapent contre les fenêtres des maisons. Les branches des  arbres s’agitent. Des enfants jouent dehors. Une silhouette, soudainement, déchire le ciel. Sombre et rapide. Brisant l’écran, attisant les regards, l’inquiétude. Le vent souffle, doucement. Le lac est paisible. Les girouettes tournent. Les volets se tapent contre les fenêtres des maisons. Le ciel est gris. Laiteux. Trouble, baigné de silhouettes noires et ailées. Deux s’en rajoutent. Tout est calme. Les girouettes tournent. Le vent souffle, doucement. Les volets se tapent contre les fenêtres des maisons. L’eau du lac est paisible. Le ciel est gris. Laiteux. D’autres surviennent, perturbant le paysage. Tout est calme. Des enfants jouent dehors. L’eau du lac est paisible. Les volets se tapent contre les fenêtres des  maisons. Les silhouettes noires et ailées surplombent les regards terrifiés des passants. Le ciel est gris. Le lac est bleu. Sombre. Clair. Puis, panique. Générale. Rien n’est calme. Angoisse. Laiteux. Le ciel. Le lac. Les maisons. Les girouettes. Les volets. Claire. Sombre. Oiseaux. Fenêtres. Rapide. Le vent souffle. Hurlements. Cris. Croassements. Rien n’est calme. Rien. Des milliers. Des millions. Perchés sur les poteaux. Coups de griffes. Becs pointés vers le ciel. Laiteux. Vers nos têtes. Frêles. Frêles et apeurées. Terrorisées. Nos visages perdus dans la mer d’ailes noires, de corbeaux agressifs découpés dans l’image paisible de la baie. La mer vaste de charognes immondes, à l’affût des corps qui dansent entre les cadavres noyés. Puis…Tout est calme. Le ciel est gris. Laiteux. Trouble. Mais les Oiseaux reviennent. Attaquent. Violemment, sans pitié : brisent les glaces et les crânes. Puis….Tout est calme. Les girouettes tournent. Les enfants jouent. Le ciel est gris. Une voiture démarre. Les volatiles  l’observent. Perché de partout : sur le sol, en l’air, sur les toits de maisons. La voiture roule, lentement. Son conducteur transpire, fixe les environs. Ils n’attaquent pas. Soudain, un croassement. Puis, deux. Puis, trois. Puis, noir. Puis, fin. Fin. Fin du  cauchemar ? Fin de tout ? Peut-être. Peut-être… Ou une autre rupture inattendue ? Le récit en est ponctué ; des moments de tensions et d’effrois contrebalancent les longueurs et les étirements de scènes qui ne disent rien. Parce qu’il  n’y a rien à dire. Parce que la peur domine, et qu’on ne sait quoi dire ; et que les questions fusent, que de toute manière, elles resteront, à jamais, sans réponse. Alors, au lieu de penser, on agit. On se barricade. On s’enferme dans les maisons. On s’assoit en sanglotant. On scrute les endroits ouverts sur le dehors. Et on attend. Hitchcock n’explique rien de tout cela. Hitchcock s’en fout un peu, d’ailleurs, de tout cela. Car Hitchcock est cruel, terriblement cruel, et que son film, c’est comme dans un échec : faut faire tomber les pions. Un par un. Et que, de la règle – le scénario, aussi ficelé soit-il – ; pour une fois, on s’en contre-fiche. Et que, pour gagner, faut choisir la bonne tactique, le bon angle, le bon plan. Les Oiseaux, ici, sont inoffensifs. Pas la mise en scène, loin de là. Parfois calme et posée, parfois redoutablement vertigineuse. Dévorant les personnages. Les paysages. Le ciel, gris. Laiteux. Trouble. Baigné d’une lumière blanchâtre qui filtre les nuages. Le lac, paisible, clair, bleu. Les girouettes, qui tournent. Les volets, qui se tapent contre les fenêtres des maisons. Les branches des arbres qui s’agitent. Les enfants qui jouent dehors. Et qui scrutent la menace, sans cesse, le visage triste. Ce film, croyez-en, fait peur. Asphyxiant. Redoutable. C’est un joyau de pure cruauté. C’est un jeu de massacre aussi amusant que cruellement terrifiant. Un vol d’oiseaux qui mange l’écran. Un rêve de cinéphile doublé d’un horrible cauchemar. Un croassement étrange, insolite, dans le monde du cinéma.

 

Mise en scène : 5/5

Interprétation : 4/5

Travail artistique : 5/5

Scénario : 5/5

Total des points : 19/20

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 15:26

Melancholia affiche

Film dramatique de science-fiction dannois réalisé par Lars Von Trier, sortit en 2011. 2h10.

Melancholia-HP

Un visage. Des cheveux trempés dans l'eau. Dans l'or. Des yeux azurs qui ne fixent rien. Un visage lumineux aux traits durs, terrifiant de pâleur et de beauté crispée. Derrière, des ailes tombent, lourdement. Le ciel n'est pas tout à fait sombre, des touches roses s'y parsèment, discrètes... Et le plan dure. Infiniment. Apparaît, soudain, sans fondu, une somptueuse image : un château élevé derrière une pelouse, verte, étendue, comme infinie, où dessus erre une silhouette blanche, fixant un cadran solaire, lui même regardant le soleil mourir, comme aujourd'hui le monde... Et encore, le plan dure. Puis, c'est un tableau, un vrai, qui s'affiche alors. Il s'agit de couleurs froides, pâles, noyées dans un blanc de neige où des chasseurs progressent. Des arbres s'y tiennent, des feuilles de cendres tombent : le tableau, brûle... Cela continue, et le pourrait encore. Un morceau de Wagner se délivre doucement, des notes comme chuchotées parsèment un autre plan, cosmique cette fois : une planète, la notre, et non loin de là, une lanterne rouge, se rapprochant...Puis, des personnages, enfin : la mère, courant sur l'herbe, son enfant dans les bras, échappant à la mort, pour quelques secondes encore, le temps de quelques battements, de quelques souffles, de quelques pas. Des pas, mués en galops pour ce cheval qui dans l'obscurité de la nuit, s'affaisse, se meure, s'écrase désespérément contre le sol. Des pas, devenant battements, pour ces papillons qui, nombreux, paniquent, volent dans l'espace pour échapper au néant, qui guette, si proche...Encore, toujours : le plan dure, dure, dure. Jusqu'à ce que le plus beau survienne : la mariée sortant d'un marécage, sa robe empêtrée dans des filets de boue, courant toujours au ralenti, fugace lenteur. C'est la lumière  sortant des ténèbres, c'est ce qu'est le film : la beauté surgissant de l'horreur, l'image sublimée du néant, mais du néant de soi : la dépression, la mélancolie, la tristesse. Lars Von Trier transforme ses fantasmes pessimistes en oeuvres d'arts contemplatives. Son regard brutal et sans pitié envers l'être humaine en série de visages froids et durs, tableaux désincarnés reflétant le vide des êtres. Il fait de sa mélancolie un pouvoir de voyance, de connaissance, et de Justine (magnifique Kirsten Dunst) un prophète annonciateur de l'état du monde : "La vie sur terre est mauvaise", dit-elle alors à sa soeur, Claire, les cheveux en pagaille, l'air absent. Melancholia n'est donc pas un film sur la fin du monde. Pour le cinéaste, celle-ci est constante : le monde n'existe pas, les hommes ne sont que vide.  Ici, le mari de Claire (Keiffer Sutherland, héros de 24, qui pour une fois ne pourra sans doute pas sauver la planète : belle ironie de la part du cinéaste) croit pouvoir acheter le bonheur ; et des collègues de Justine, sur les nerfs, viennent parler buisness, la harcèle à tout moment sur le travail à accomplir. Au yeux de Justine/Lars : tout est vain, inutile. Tout le monde est petit, méchant. Mais cette fois si, le   sentiment de haine s'appaise, et de la sort la beauté. Plus que d'un cauchemar, le film est donc un rêve envoûtant à l'épure grandiose. La caméra est tremblante, en mouvement,  tout le temps sur l'épaule, nerveuse, bousculée, mais parfois, retrouvant une certaine stabilité, elle inonde l'oeuvre de moments de pures instants de poésie esthétiques : Justine accueillent Melancholia, nue au bord de la rivière, pour une première fois sereine. De leur rencontre se dégage un sentiment d'harmonie véritable, un calme confus. La scène est trouble, belle, dérangeante, étrange. La planète, simple métaphore de la mélancolie, vient porter à l'être l'appaisement guérissant ses douleurs tourmentés : la mort, pour Justine, n'a pas d'importance. Pas pour Claire, malgré tout, soeur de Juliette, observatrice de la scène. Celle-ci (tout simplement excellente Charlotte Gainsbourg), héroïne de la  deuxième partie, cette fois antérieur à celle (un poil trop longue)  du mariage, attribuée à Justine, se rend compte qu'elle a tout à perdre : son mari, d'abord, et surtout son fils. Au contraire de sa soeur, elle cherche un moyen d'y  échapper. Von Trier la regarde comme une étrange survoltée, l'enferme dans des cadrages oppressant, la perd sous une pluie de grelons tombant sur son crâne, la fait tomber et pleurer dans un vaste champs : de cela se dégage un bouleversement rare, une compassion à l'état pur. Et ce jusqu'à sa fin, plan somptueux et terrible : Justine et Claire, opposées mais main dans la main, et le fils de la seconde (étonnant de justesse) ; allongés sous un simple tipi formé de quatre cinq  branches attachées : Von Trier place, dans la grandiloquence, une touche de simplicité infantile et innocente. Et fait monter Wagner, comme il le fit au prologue, jusqu'au moment de la fin : Melancholia terminant sa course sur la terre, s'écrasant dessus désespérément, la mélancolie s'amoncelant donc définitivement sur les êtres. Point d'orgue et point final d'une oeuvre cruelle et grandiose. Fugace et contemplative, hurlante et douce : immense.

Mise en scène : 5/5

Interprétation : 5/5

Scénario : 3/5

Travail artistique : 5/5

Total des points : 18/20

 

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19 décembre 2011 1 19 /12 /décembre /2011 12:13

600full-le-pere-noel-est-une-ordure-poster

Comédie Française réalisée par Jean-Marie Poiré et sortit en 1982. 1h30.

le-pere-noel-est-une-ordure

Au début, y'a Paris. Ville lumière à la tombée de la nuit, illuminations, vitrines décorées, grand sapin. Dans les rues, des citoyens déguisés en papa au manteau rouge, distribution de chocolat, photo avec les enfants...Puis, plus loin, un autre. Il a la moustache sombre, le crâne dégarni, il parle comme un charretier, donne des claques aux bambins. Sur son panier est accroché un panneau, pub pour une boite un peu spécial, mais bon : c'est Noël, alors...Son périple continue, donc, à travers Paris, belle Paris, dans un supermarché, où il s'empare d'une chose longue et molle, avant de rejoindre sa hotte près du périph', pleins de jolies cadeaux : petits lapins courant de partout, et le caddie de Zézette, qu'on connaît. Dix minutes, bien moins peut-être, dix minutes où le mythe de Noël est déjà déglingué, zigouillé, explosé, puis enterré. Et puis quel titre ! Ca aurait pu pousser au scandale publicitaire : se balader dans la ville, en famille, sourire au lèvres, après avoir contemplé le sapin sur la place, puis voir ce gros titre mis en gras affiché sur un arrêt de bus, ça irrite. Noël, on n'y touche pas. Et pis c'est tout. De la bien-pensance, de la gaieté qu'inspire Noël, le film s'en amuse. Tout ce qui pourrait choquer gît à l'intérieur. Mais c'est un film que l'on à plus honte d'aimer. Devenu classique pour tous, cette petite pépite de cruauté moult fois rediffusée, résiste à l'oubli : des dîners entre amis finissant en récitations de toutes les meilleurs répliques du film, on n'en a vu passer. Des fous rires personnels au souvenir de l'image de Pierre imprégné dans le canapé, il y en a sûrement eu. Intelligemment écrit, interprété et sobrement filmé, le film se construit en deux parties. Au début, humour glacé, grinçant, sophistiqué et absurde, à la fin, situations grotesque et grivoiserie. Ici, la vulgarité est enrobée d'un mince filet d'or, la cruauté se mélange à la tendresse. D'un côté, les coincés, de l'autre, les paumés. Et bien sûr : pas un pour rattraper l'autre. Mesquinerie, hypocrisie, indifférence : les coincés son gâtés. Les autres ne sont pas mal non plus : ici, la pauvreté n'enjolive pas l'esprit, elle le détruit, sans pitié, sans compassion : elle enterre l'homme et ses valeurs. Il n'y a aucune intervention de l'émotion : il y a seulement le pathétique, pour tout les hommes, ces bofs filmés comme des affreux imbéciles, mais derrière tout cela, la présence d'un cœur. Personne n'est bon, personne n'est mauvais. Ils ont tous un coeur, un fond. Mais sont vulgaires et idiots. La peinture est cruelle, sombre et glauque. Ca commence doucement, tout en retenue, avec Pierre, sa collègue Thérèse, et Mme. Musquin, effectivement très gentille, même si on aime pas dire du mal des gens...C'est grinçant, pince-sans-rire, très caustique : bref, on se régale. Puis après...Les situations propres au mauvais goût s'alignent sans temps mort : et ça se tire dessus, et ça se donne des coups de pieds, des coups de chaises, des coups de feu, et ça s'insulte, ça se tape, ça se crache à la gueule...Et puis, qu'est-ce que c'est con, mais qu'est-ce que c'est con, mais qu'est-ce que c'est con, se dit-on...Et on rit de plus en plus. Magique.

Mise en scène : 4/5

Interprétation : 5/5

Scénario : 5/5

Travail artistique : 3/5 

Total des points : 17/20

 

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30 juin 2011 4 30 /06 /juin /2011 10:50

Film policier dramatique français réalisé par Jacques Audiard sortit en 2009. Avec : Tahar Rahim (Malick El Djabena) ; Niels Arestrup (Cesar Luciani) ; Adel Bencherif (Ryad) ; Reda Kateb (Jordi le gitan).
César 2009 du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur acteur (Tahar Rahim), du meilleur espoir masculin (Tahar Rahim), du meilleur acteur dans un second rôle (Niels Arestrup), du meilleur scénario original, de la meilleure photographie, du meilleur montage, des meilleurs décors.
:)'

Tahar Rahim dans Un Prophète

Synopsis : Condamné à six ans de prison, Malik El Djebena ne sait ni lire, ni écrire. A son arrivée en Centrale, seul au monde, il paraît plus jeune, plus fragile que les autres détenus. Il a 19 ans.
D'emblée, il tombe sous la coupe d'un groupe de prisonniers corses qui fait régner sa loi dans la prison. Le jeune homme apprend vite. Au fil des " missions ", il s'endurcit et gagne la confiance des Corses.
Mais, très vite, Malik utilise toute son intelligence pour développer discrètement son propre réseau...

Niels Arestrup et Tahar Rahim dans Un Prophète

Mon avis : Il y a toujours ce visage, celui de Tahar Rahim, longtemps, très longtemps après...Toujours cette fragilité, cette dureté, qui soudain l'oppresse, le mange, court sur son dos comme les plaies courent sur son corps, son corps sale, et ses yeux noirs comme deux pierres au fond d'un puits, comme l'ombre d'une cellule fermée, avec la lumière pâle qui filtre les barreaux, la fumée d'une cigarette qui se libère dehors, se libère de l'intérieur, de la prison, du monde. Audiard, caméra à l'épaule, filme magnifiquement son acteur, le regarde, le perçoit, le cherche, et l'enferme dans des cadrages bizarre, toujours ce même décors glauque ; un mur, gris, sale, moche. Il multiplie les effets de style, les mouvements  de caméra, installe un malaise, un climat dérangeant, une froideur implacable...Il baisse le son, le monte, ralentit le rythme, l’accélère, mais garde les yeux ouverts. Tremblant comme sa caméra, le cinéaste fascine, d'abord, par l'impression de transe qu'il laisse sur l'image. Lames de rasoir. Torrents de sang. Mains tremblantes...Tant d'images qui fusent, pullulent, dans la grandiloquence, et qui nous achèvent, pareils à des coups de poing. Dans cette prison, métaphore d'un monde empli de violence, où règne la loi de la jungle, l'on trouve des hommes qui tombent. Il y a là quelque chose de tragique. Quelque chose de tragique dans ces corps souffrants et ces visages fermés, quelque chose de tragique dans cette prison, ce terrain vague où violence menace, à chaque seconde, d'exploser. Audiard fascine, étire le temps, trop parfois, flirte souvent avec le fantastique, place au moins une idée stylistique par plan, et terrorise. Modèle de tension et d'humanité, Un prophète est un film qui atteint pas mal de sommets. Il veut faire peur. Et le fait très bien. 18/20.

Tahar Rahim dans Un Prophète



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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 12:08

Raymond Burr dans Fenêtre sur cour

Film policier de suspense américain réalisé par Alfred Hitchcock sortit en 1954. Avec : James Stewart (L.B. Jeffries) ; Grace Kelly (Lisa Carol Frémont) ; Thelma  Ritter (Stella) ; Wendell Corey (Thomas J. Doyle). 1h 50 environ.
:)'

James Stewart dans Fenêtre sur cour

Synopsis : A cause d'une jambe cassée, le reporter-photographe L. B. Jeffries est contraint de rester chez lui dans un fauteuil roulant. Homme d'action et amateur d'aventure, il s'aperçoit qu'il peut tirer parti de son immobilité forcée en étudiant le comportement des habitants de l'immeuble qu'il occupe dans Greenwich Village. Et ses observations l'amènent à la conviction que Lars Thorwald, son voisin d'en face, a assassiné sa femme. Sa fiancée, Lisa Fremont, ne le prend tout d'abord pas au sérieux, ironisant sur l'excitation que lui procure sa surveillance, mais finit par se prendre au jeu...

James Stewart & Grace Kelly dans Fenêtre sur cour

Mon avis : Angles. Cercles. Spirales. Objectifs. Longues vues. Les yeux bleus de James Stewart. Immergeant. A l’affût. Fixant. Regardant. Des morceaux de vies, des « cœurs solitaire ». Des airs de piano. Des jeunes femmes dansant, se dandinant, courant, chantant la joie. Chantant l’amour. L’amour en tableaux, petits films romantiques qui, tours à tours, s’éveillent. Tout ça derrière une fenêtre. Celle de L. B. Jeffries, photographe voyeur à ses heures perdues, la parfaite métaphore du cinéphile, jambe cassée, immobilisé, partagé entre ce qu’il voit et ce qu’il désire voir. Car, au-dessus de cette psychanalyse enfouie mais visible, il y a une enquête. Des réflexions. Des indices. Des fausses pistes. Des découvertes. L’expérience, d’autant plus frustrante, puisque tout ce joue sur un fauteuil. Sur le visage plein de questions propre à Stewart, qui regarde les autres s’animer, les autres mourir, vivre, danser ou marcher, au statut de cette impossibilité physique qui révélera, en lui, des idées bien plus sombres…Car « Fenêtre sur cour » dévoile également des aspects bien plus dérangeant. Il révèle, dans chaque dialogue où dans chaque expression de Jeffries, ce plaisir inavoué qu’est le plaisir d’épier. Les pulsions sexuelles du héros en pleine ébullition, le désir bloqué par cette impuissance, cette immobilisation du corps, presque de l’esprit, rendent la frustration d’autant plus pesante, plus importante encore. Et fait de ce qui est sans doute le meilleur Hitchcock une expérience irrésistible de psychanalyse, une métaphore du cinéma, d’abord par la force de ces vies nombreuses qui s’animent derrières les fenêtres, les écrans, donc ; et la position cinéphilique de Stewart sur son fauteuil qui renvoie irrémédiablement à notre image de spectateur. François Truffaut disait « Le cinéma c’est plus fort que la vie ». Une sorte de formule que Hitchcock déjoue de la plus belle manière, sans peut-être la désapprouver, car, ici, le cinéma, comme la vie ; sont bels et bien au même niveau. 19/20.

James Stewart dans Fenêtre sur cour



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4 juin 2011 6 04 /06 /juin /2011 22:41

Film sur la  guerre dramatique américain réalisé par Terrence Malick sortit en 1998. Avec : Sean Penn (Sgt- Chef Edward Welsh) ; Jim Caviezel (Soldat Witt) ; Ben Chaplin (Soldat Bell) ; John Cusack (Capitaine John Gaff). 2h 45.
Ours d'Or du meilleur film 1998.
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Synopsis : La bataille de Guadalcanal fut une étape clé de la guerre du Pacifique. Marquée par des affrontements d'une violence sans précédent, elle opposa durant de longs mois Japonais et Américains au coeur d'un site paradisiaque, habité par de paisibles tribus mélanésiennes. Des voix s’entrecroisent pour tenter de dire l'horreur de la guerre, les confidences, les plaintes et les prières se mêlent.



Mon avis : Dès le début, un arbre. Mangé par les feuilles, l'herbe, et la lumière, auréolant. Traversant ses branches, immergeant. Projetée sur les feuilles, suivant les racines, ces serpents filés au sols, tordus et immobiles. Peu après, du bleu. Du vert. L'océan et les montagnes, le haut, le bas. La pureté, la beauté, et toujours la lumière. Celle, que l'on ne fait que chercher, alors qu'il suffirait d'ouvrir les yeux. De tendre la main, de sentir la chaleur nous couvrir de frissons. Celle, que l'on ne fait fait qu'espérer, et qui nous file entre les doigts, comme ces rayons de soleils, tels des lasers incandescents, filtrant les branches cassées. Celles que l'on a cassées. Et que nous regrettons. Nous tous, cette âme gigantesque, aux milliers de visages, ces visages qui tours à tours, se parlent, se questionnent, se lamentent. Une ligne de voix, ponctuée de silences, de regrets, une ligne tracée, de sons entremêlés comme des racines, continuant  jusque dans la mort. Car mourir est insoutenable s'il n'y a rien à regretter. Malick, le poète, le cinéaste mystérieux, prend son temps, et déploie devant nos sens une seule âme, et plusieurs hommes, courant dans la nature, sous leurs casques encombrants. Des soldats, barbouillées de honte à l'idée de s'emparer de vies, où d'autres, hurlant de fierté après avoir fait jaillir les balles. Anonymes, effacés, et pourtant biens vivants, tous. Des soldats, angoissés, effrayés, qui se parlent, pour ne dire qu'une chose, pour n'exprimer qu'un regret : être ordonné de marcher dans ce monde trop sali, déjà mort. Mort et cassé, cassé comme les branches des arbres. D'un arbre. De l'arbre. L'arbre qui est le monde que nous détruisons, dans notre vaine recherche du paradis terrestre, et de la paix, que paradoxalement, nous ponctuons de guerres. De bombes, de balles et de sang. Tout ce qui nous transforme en chiens, nous déshumanise, et nous rend encore plus absurde. La ligne rouge est l'histoire de ce chemin, de cette ligne que nous suivons, que ces soldats casqués suivent, las, dans leur marche difficile. Leur marche infini dans la nature hostile, touffu, luxuriante, et pourtant si splendide. La nature qui les engloutiront, un par un, qui par les lianes de ces arbres, les envelopperont. Les balanceront, d'un coté du monde à l'autre. Leur feront voir les traces, dans les hautes herbes, de leurs pas. Les pas de leur chemin. Leur chemin vers la mort. 18/20.



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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 15:01


Comédie dramatique américaine réalisée par Woody Allen sortit en 1983. Avec : Mia Farrow (Cecilia) ; Jeff Daniels (Tom Baxter/Gil Shepherd) ; Danny Aiello (Monk) ; Dianne Wiest (Emma). 1h 20.
César du meilleur film étranger
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Synopsis : Cecilia mène une existence morne et tourmentée. Le cinéma est son seul refuge et sa seule évasion. Lors d'une projection, Tom Baxter, le héros d'un mélo la Rose pourpre du Caire sort de l'écran et l'enlève.



Mon avis :
"Vous ne savez pas qui est Dieu ? Celui qui est à l'origine du monde ? De l'univers ?" Demande, effarée, Cecilia, à Tom Baxter, le héros en chair et en os du film qu'elle n'a cessé de voir. "Ah, je vois, lui répond-t-il. Vous parlez de ce qui ont écrit le film ?... " C'est toute l’ambiguïté du rapport entre le cinéma et la réalité que Woody Allen, au sommet de sa puissance créatrice, nous expose. Techniquement, le film est une merveille de drôlerie et d'inventivité. Mais la fable contée est loin d'être légère… Quand on voit arriver Cecilia, petit bout de femme frêle, tristounette, semblant perdue, se poser sur son fauteuil, boite de pop-corn à la main, on sait tout de suite qu'elle n’a pas été mis au monde sous une bonne étoile. Maladroite et touchante, blessée par la vie, elle s’assiéra tout les soirs, face à l'écran, voyageant à la force du cinéma. La rose pourpre du Caire est bel et bien un hommage au 7ème art. Celui-ci, plus qu'un divertissement, devient au fil des très courtes soixante-dix-huit minutes que dure le film, un essentiel, redonnant de la force aux hommes et femmes perdus, perdus au milieu des désillusions du monde et de leurs rêves brisés. "Moi, je veux voir le film de la semaine dernière" lance une dame à la sortie de la salle, "sinon, à quoi bon vivre ?" Ce pourrait être le raisonnement du cinéaste. Il l’est, d’ailleurs. Et on aura compris, après ce film, qu’il serait bon de vivre dans ce rêve sur pellicule, bourrée d’insouciance et d’amour. On aura également compris, ce que seraient les êtres qui n’y vivraient pas, ces âmes tristes, errant dans les salles vides où comblées ; qui retrouveront, par le court temps d’un film, leur joie de vivre. C’est plein de fantaisie, mais de fantaisie empoisonnée. Woody Allen, lors d’une interview, à la question "Pourquoi n’avait vous pas fait de happy end ?"  répondra "C’est un happy end". Et il doit avoir raison. Tout de même, ça commençait plutôt mal : Mia Farrow, partagée entre ces deux amours, choisissant la réalité plutôt que l’irréel, allant pourtant de déceptions en déceptions, et de rêves brisés en rêves brisés, comprenant la sévère leçon que lui inflige la vie ; s’immergeant une fois de plus, le temps d’une ou deux heures, dans le noir de la salle de cinéma. Le noir total, avec ses seules larmes scintillantes comme lumière. Pour l’instant, rien d’un happy end. Patience… Le film projeté ce soir là commençant. Tout comme le chant de Fred Astaire. Cecilia souriant, souriant grâce à cette douce musique. Et à ce film qui l’émerveille. Puis, avant de disparaître en fondu, comme les héroïnes de film, elle profite de son bonheur éphémère. Tout est éphémère, semble nous dit Woody. Mais ce bref instant de bonheur paraît justifier a lui seul toutes les douleurs de vivre, la mélancolie à venir. Et les déceptions permanentes. Bref, cette « rose pourpre du Caire » n’est pas toujours rose. La vie non plus. Mais le film est admirable. 19/20.




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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 12:44

Comédie dramatique américaine réalisée par Woody Allen sortit en 1979. Avec : Woody Allen (Isaac Davis) ; Diane Keaton (Mary Wilke) ; Michael Murphy (Yale Pollack) ; Mariel Hemingway (Tracy). 1h 30 environ.
César du meilleur film étranger.

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Manhattan

Synopsis : Isaac Davis est un intellectuel new-yorkais de 42 ans, auteur de sketches comiques, que son épouse Jil vient de quitter. Celle-ci vit maintenant avec une autre femme, Connie, et écrit un livre sur son ancienne vie conjugale. Isaac, quant à lui, entretient avec une collégienne de 17 ans, Tracy, une liaison dont il lui rappelle le caractère éphémère. Il l'abandonne bientôt pour se mettre en ménage avec Mary Wilke, la maîtresse de Yale Pollack, son meilleur ami.

Woody Allen, Diane Keaton dans Manhattan

Mon avis :
Milieu du film. Plan fixe. Diane Keaton et Woddy Allen assis sur un banc. Leur corps en ombres chinoises. L’aube se pointant, traversant les arbres, remplaçant la nuit. Cette même nuit bombardée de feux d’artifices au dessus des gratte-ciel, paraissant à la fois tomber des étoiles et surgir de la terre. On est bien à New York. « Il adorait New York », nous dit le narrateur. Pour lui, qu’est-ce que c’est ? Un rêve, un fantasme en noir et blanc. Le gris étincelant de ses buildings, de ses paysages, de ses nuages, de son ciel, …Dans ce film génial qui essaime à tout vent, Woody Allen est partout. Il filme, fait l’acteur, et parle surtout. Parle, petite silhouette bondissante ou écrasée, radote, critique, sans s’arrêter, cause ciné, sexo, culture donc... Il nous touche, le Woody, et Manhattan, il en fait son miel. Lieu incontournable et imposant où se dessine un immense art de vivre, nœud des rencontres, des amitiés, des amours. On y marche, tête baissée, et on s’y bouscule. On s’y retrouve. Tant de choses qui se passent, dans des vies si monotones…Allen conçoit, en plans fixes, caméra statique, une véritable galerie de photos inoubliables. Et des situations, mémorables, où les répliques fusent, de partout à la fois, drôles, fines et intelligentes. Des références, jusqu’à Bergman où Van Gogh, ces gens qu’il admire, qui l’inspirent. Logique, puisqu’il s’y raconte un peu, voir beaucoup. De ses gros yeux, il caresse sa ville, et de sa fine bouche, il en fait l’éloge. L’hommage. Achevant à lui tout seul de créer la magie. L’enchantement d’un chef d’œuvre mélancolique, et mieux encore : enrobé d’un ruban pailleté scintillant, le plus passionné des cadeaux qu’un cinéaste aura pu nous offrir. 19/20.



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Genre : Petit blog avec prétention

 

Création : Août 2010

 

Sujet : Culture, Cinéma

 

Fondateur : Le plus beau, le plus intelligent, le plus pertinent, le plus cinéphile, le plus au-dessus de la basse populace...Ptit Ciné !


Films favoris :

 

1. The Truman Show (Peter Weir)

2. Barry Lyndon (Stanley Kubrick)

3. Batman, le défi (Tim Burton)

4. Les enfants du paradis (Marcel Carné)

5. Boulevard du crépuscule (Billy Wilder)

6. Metropolis (Fritz Lang)

7. La Nuit du Chasseur (Charles Laughton)

8. Holy Motors (Leos Carax)

9. Ed Wood (Tim Burton)

10. Eve (Joseph L. Manckiewicz)

11. Reservoir Doggs (Quentin Tarantino)

12. Magnolia (P.T. Anderson)

13. Eternal Sunshine of the Spotless Mind (Michel Gondry)

14. Kill Bill Volume II (Quentin Tarantino)

15. M le Maudit (Fritz Lang)

16. Cris et chuchotements (Ingmar Bergman)

17. Fenêtre sur cours (Alfred Hitchcock)

18. Shining (Stanley Kubrick)

19. Elephant Man (David Lynch)

20. Toy Story 3 (Lee Unkrich)

 

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