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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 13:04

Polisse-affiche-2

Film dramatique français réalisé par Maïwen sortit en 2011. 2h 10.Récompenses notables : Cannes : Prix du jury.

polisse-2_medium.jpg

Une petite figurine pour gamins, dans une petite maison de poupées. Portes réduites, minuscules fenêtres. Et la chanson de Casimir, s'écoulant devant les images...Maïwen filme joliment l'enfance, quelques secondes. Et des prénoms d'acteurs s'inscrivant, chacun leur tour. "KARIN", "JOEY", "MARINA"...Tout de suite, l'on devine les liens, finement tissés, des acteurs de ce "Police avec deux S". Les personnages ne sont pas joués. Ils sont vécus, car ils existent, ils sont là, bel et bien là : ils souffrent, ils rient, ils sourient et ils pleurent, aussi. Souvent. Car Polisse respire la vie, l'amour, les sensations. Maïwen est le cinéaste de l'émotion. Celle-ci traverse, fulgurante, détruit, emerge dans tous les plans, toutes les scènes. Au début, une émotion. A la fin, une émotion. Chaque acteur, chaque figurant, la respire et en souffre. Et oui, ces flics ne sont pas des machines. Et parfois, ils s'en désolent. "Ca m'reste, ca m'tord...Je peux pas..." clame, hésitant et pudique, Joeystarr (Acteur bluffant, mauvais rappeur, qui devrait faire du cinéma son métier principal...). Une autre, entre deux interrogatoires avec deux pères pédophiles, quitte son mari, satisfaite, et plus tard, regrette. Un troisième hurle à sa copine bavarde qu'il ne parlera pas de sa journée. Terrible, faut-il bien dire. Celle si s'énerve. "Parce que tu crois que t'es le seul à sauver le monde ? Moi aussi à mon boulot j'ai des problèmes tout les jours !" Dit-elle... Et  l'on apprend qu'elle travaille dans une crèche : belle ironie...Chacun de ses gens ont un point commun : ils travaillent ensemble, main dans la main, dans cette brigade peu connue qu'est la "BPM". On les voit, puis on SE voit, gens normaux et sympathiques. Ils parlent cul, politique, re-cul, re-politique, dans une cantine...Et boum, première rupture : soudain, la cinéaste les filme au boulot, ensemble, bavardant avec moult déséquilibrés, pédophiles inconscients, ados violées, mères junkies, et le reste de la gamme... En proposant un constat sec, brutal ; des scènes de vies importantes emboités dans un puzzle, avec rien qui se rattache forcément à un récit digne de ce nom, on peut se penser, au début, parti pour deux heures dix de documentaire. Il n'en est rien. En évitant toute forme de glauque, tout pathos, tout misérabilisme (il est même critiqué au milieu du film), Maïwen parvient à faire de son film un gigantesque chaudron bouillant d'humanité, criant de vie, bouleversant de rage, sombre et amer comme un citron frotté contre un morceau de charbon. Rit-on alors avec les protagonistes de toutes horreurs : l'humour, seul échappatoire valable contre les misères vues et vécues. Rit-on énormément, même, avec beaucoup d'amertume et de regret devant  l'absurdité dramatique des situations. Ces instants de quotidien, les amours, les emmerdes, les rires et les joies, Maïwen les drape sous une épaisse couverture de nervosité glacée que l'on ne perçoit jamais, mais qui implose à la fin. Si Maïwen prend quelques rares fois plaisirs à nous mettre  de façon si brutal en abime, elle aligne aussi gentiment tous les clichés du genre, pour faire plaisir aux rabats joies qui souhaiteraient la titiller, marque des personnages bien définis et très stéréotypés, mais s'en sert et leur creuse progressivement plusieurs fêlures. Le film en devient même pessimiste parfois. Les personnages se déséquilibrent suite aux horreurs inimaginables qu'ils ne se contentent pas d'entendre...Mais qu'ils affrontent chaque jour. Là est la nuance. Tant pis, alors, si quelques effets artificiels (L'histoire d'amour gnangnan entre Starr et sa cinéaste) viennent troubler la trouble beauté du film, justement. Tant pis alors si les enquêtes s'enchaînent dans un catalogue de situations faisant patiner un peu le tout, et que pour cela, le film aurait gagner à être bien moins long. Mais c'est à voir pour les acteurs, surtout. Foïs en tête, sa solitude incomprise, ses yeux bleus-gris humidifiés par les larmes et son visage fermé comme la pierre, Starr bluffant, criant d'émotion, et Viard, jamais autant meilleure. Et pour sa modestie, aussi. Parce que c'est clair : Maïwen ne semble pas vouloir faire de thèse sur le cinéma. Elle ne filme pas, elle capte, en transe, l’émotion et l'énergie. L'énergie qui s'estompe un peu, à la fin, dans un ralenti sublime où la virtuosité semble apaisée, le côté légèrement bordélique du long-métrage se stoppe soudainement, les plans sont cette fois triés, réfléchis...et la scène se termine, laissant un goût de cendre dans la gorge, quelques minutes après ce plan magnifique et tellement simple où des poussettes vides jonchent le trottoir, représentées comme les spectres étranges et immobiles des enfances volées. 16/20.

 

Mise en scène : 5/5

Interprétation : 5/5

Scénario : 4/5

Travail artistique : 2/5

Total des points : 16/20

 

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