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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 10:03

Policier, Drame et Thriller américain réalisé par Martin Scorsese sortit en 2006. Avec : Leonardo DiCaprio (Billy Costigan) ; Matt Damon (Colin Sullivan) ; Jack Nicholson (Franck Costello) ; Mark Wahlberg (Dignam).
Oscar 2007 du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario adapté, du meilleur montage.

Jack Nicholson et Matt Damon dans Les Infiltrés

Synopsis : À Boston, une lutte sans merci oppose la police à la pègre irlandaise.
Pour mettre fin au règne du parrain Frank Costello, la police infiltre son gang avec "un bleu" issu des bas quartiers, Billy Costigan.
Tandis que Billy s'efforce de gagner la confiance du malfrat vieillissant, Colin Sullivan entre dans la police au sein de l'Unité des Enquêtes Spéciales, chargée d'éliminer Costello. Mais Colin fonctionne en "sous-marin" et informe Costello des opérations qui se trament contre lui.
Risquant à tout moment d'être démasqués, Billy et Colin sont contraints de mener une double vie qui leur fait perdre leurs repères et leur identité.

Alec Baldwin dans Les Infiltrés

Traquenards et contre-offensives s'enchaînent jusqu'au jour où chaque camp réalise qu'il héberge une taupe. Une course contre la montre s'engage entre les deux hommes avec un seul objectif : découvrir l'identité de l'autre sous peine d'y laisser sa peau...

Leonardo DiCaprio dans Les Infiltrés

Mon avis :
Martin Scorsese sait jouer au spectaculaire, évidemment. Il y a des scènes d'action haletantes, superbement orchestrées. Le suspens est insoutenable. On se lève de son fauteuil, on tremble, on frissonne, et tout et tout...Mais le cinéaste n'est jamais aussi bon que lorsque qu'il filme une société, une CERTAINE société, doublée du monde tel qu'on la fait, grouillant de ces "rats" que Nicholson, délirant en parrain vieillissant, déteste. Ces rats, ces hommes, donc, se sautant à la gorge à chaque occasion et s'entretuant en autre temps. Ces rongeurs vicieux, profitant de leur puissance pour appâter les vulnérables et ne faire que les berner, les trahir et les humilier. Criminels comme flics, une bonne partie sont véreux et deviennent finalement impuissant. Faits...comme des rats. Sur le sujet du pourrissement de la société, Orson Welles en avait aussi touché deux trois mots. C'était à la fin des années 50, si je ne m'abuse, avec La soif du mal. Pas le film similaire le plus évident, mais pourvu de quelques idées comparables. Surtout chez le personnage du policier corrompu incarné par le même cinéaste. Inspiré déjà par ce film et aussi par le chinois Infernal Affairs (dont il fait le remake), Martin Scorsese, virtuose de la mise en scène, offre une œuvre d'une richesse rare, et marie superbement les genres. Du film noir Shakespearien au suspens à grand spectacle, pour le cinéaste, il n'y a qu’un pas. "Qu'on soit flic où criminel, devant un flingue : Quelle différence ?" Est la grande question du film. La réponse étant qu’il n’y en a aucune, le but de Scorsese s’entêtant à le prouver : il manie donc la caméra comme un flingue, pointée sur les personnages. Il traque presque cruellement leurs peurs intimes, leurs craintes. DiCaprio (excellent) devient dérangé, Damon (troublant), dépassé...Tous serrant les dents pour ne pas être découverts, tremblant de la main où l'arme est placé...Distinguant les regard et les gestes des autres pour traquer la vérité, l'un suivant l'autre, l'autre suivant l'un...Tout les deux comme sur un fil, entre deux gratte-ciels, au-dessus des hommes qui paraissent bien petits...A tout moment, l'un, comme l'autre, risque de tomber. A tout moment l'un, comme l'autre, risque de tirer. Il y a dans les visages de ces hommes déchirés et craintifs, à l'affût des gestes de l'autre, une dimension tragique. Scorsese, dans le développement de la psychologie de ses antihéros (Il en envoie même un chez une psy !), fait presque du Kubrick. Que de références, me diriez-vous...Et quelles références ! Pourtant, le réalisateur ne se contente pas de copier ses maîtres : ses "Infiltrés" innove, bouscule les codes, s'imposant et se démarquant, jubilatoire et cruel. 18/20.

Martin Sheen et Mark Wahlberg dans Les Infiltrés

Du même réalisateur sur "Ptit'ciné, le blog"  :

Casino - 1996



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4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 13:32

Paul Dano & Daniel Day-Lewis dans There Will Be Blood

Drame américain de Paul Thomas Anderson sortit en 2008 avec : Daniel Day-Lewis (Daniel Plainview) ; Paul Dano (Eli/Paul Sunday) ; Dillon Freasier (H.W. Plainview) ; Russell Harvard (H.W. Plainview). 2h40 environ.
Oscar du meilleur acteur pour Daniel Day-Lewis et de la meilleure photographie.

Daniel Day-Lewis dans There Will Be Blood

Synopsis : Lorsque Daniel Plainview entend parler d'une petite ville de Californie où l'on dit qu'un océan de pétrole coulerait littéralement du sol, il décide d'aller tenter sa chance et part avec son fils H.W. à Little Boston. Dans cet endroit perdu où chacun lutte pour survivre et où l'unique distraction est l'église animée par le charismatique prêtre Eli Sunday, Plainview et son fils voient le sort leur sourire.
Même si le pétrole comble leurs attentes et fait leur fortune, plus rien ne sera comme avant : les tensions s'intensifient, les conflits éclatent et les valeurs humaines comme l'amour, l'espoir, le sens de la communauté, les croyances, l'ambition et même les liens entre père et fils sont mis en péril par la corruption, la trahison... Et le pétrole.

Daniel Day-Lewis dans There Will Be Blood

Mon avis :
La terre est pourvue de sang. Du sang noir, du sang sombre, que l'homme puise, vole, pompe, avec ses multiples tuyaux, tapant contre les rocs, formant des musiques stridentes et rocailleuses. Des coups. Violents. Secs. Faisant jaillir ce même liquide noir. Geyser obscur, plus obscur encore que la moustache de Daniel Day-Lewis. Et la terre, exploitée, se vengeant de son pétrole. A coup d'explosions spectaculaires. Cet or noir qui dessine le vide. Ce vide abyssal qui s'empare des hommes, qui forme la cupidité des êtres et leur égoïsme, brulant les liens et les cœurs comme le pétrole s'embrase, et qui les engloutit... A jamais. Les artères de la terre, en opposition avec ce dieu qui n'est plus que superstition, irriguent ce que tout les ambitieux s'arrachent. Suivent ces vaisseaux qui conduiront certains à la mort et à la folie. La musique est violente. Mais lyrique. L'atmosphère étrange habite nos sens, perturbe. Paul Thomas Anderson souligne tout en gros traits ; Daniel Day-Lewis surjoue, menton crispé, en fait trop, mais vit magistralement son personnage. Et à la fois, quel importance : puisque le plaisir est total. La lenteur est désespérante. La belle affaire ! Elle contribue à l'inquiétude, et au malaise. Ce film audacieux rappelle ces glaces que l'on croque, déguste, aime, mais qui gèlent finalement les dents jusqu'au frisson. There Will Be Blood n'est pas glacial, pourtant. Tout de sueur, tout de chaleur. Gouttes de pétrole, gouttes de sang. Paul Thomas Anderson réalise ici son cinquième film, et - osons le superlatif - un des ces chef-d'œuvre qui restent ancrés dans nos mémoires pendant un bon bout de temps. Épique, construit entièrement sur des duels, le film coule sur deux heures et demi, âpre, sombre, tiré au maximum vers la tragédie. L'affrontement de deux hommes, deux descentes aux enfers, deux manipulateurs ; l'un, capitaliste ambitieux méprisant les autres ; l'autre, prophète évangélique hystérique assoiffé de pouvoir. Il les filme, se cherchant dans les flaques de pétrole, se trouvant tout deux, s'humiliant, s'attaquant, se vengeant tour à tour. Jusqu'au dernier round, éprouvant, ambigu, dérangeant. L'affrontement ne sera pas que psychologique, nous dit Anderson. Il y aura bel et bien du sang. Au moyens de thèmes comme la religion, l'argent et famille, le cinéaste annonce directement la couleur. LES couleurs. Rouge. Noir. Vif, foncé. C'est un film pesant, violent, nerveux, sale. Assourdissant. Pourtant, durant quelques nombreuses minutes, il n'y a pas de dialogues. Juste des bruits. Des cordes qui se tendent. Des rochers qui s'ébruitent. Des sons dissonants, stridents. Des gens qui courent, barbouillés de sueurs. Des hommes trop peu honnêtes qui s'écroulent lourdement. Des individus si riches d’argent et si pauvres d'esprits marchant sur le sol cuisant. Des êtres méprisants. Méprisables, qui hurlent de haine sans jamais ouvrir la bouche. Des humanités assombris. Des travellings longs, intenses. Comme le mythique "Rosebud" ouvrant  Citizen Kane, There Will Be Blood, lui, se conclut par trois mots aussi mystérieux que la courte tirade de Kane/Welles sur son lit de mort : "C'est fini", prononce l'un des deux ennemis, assis par terre devant le corps gisant de son adversaire. Et pourtant, rien n'est fini pour le cinéaste : il continue, de films en films, à creuser sa renommée comme ses personnages creusent les puits de pétrole. Au bout, il ne trouve pas cet or noir si précieux. Mais la clé de ses œuvres, toujours plus belles, toujours plus profondes...Des visions de cinéma. 19/20.

There Will Be Blood

Du même réalisateur sur Ptit'ciné, le blog :

Magnolia - 1999



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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 14:31

Bernard Le Coq, Jacques Dutronc dans Van Gogh

RÉALISATION : Maurice Pialat. PAYS : France. GENRE : Drame, biopic. ANNÉE DE SORTIE : 1991. DURÉE : 2h 30. DISTINCTIONS : César du meilleur acteur (Jacques Dutronc). AVEC : Jacques Dutronc (Vincent Van Gogh) ; Alexandra London (Marguerite) ; Bernard Le Coq (Théo Van Gogh) ; Gérard Séty (Gachet).

Jacques Dutronc dans Van Gogh

Synopsis : Les derniers jours du peintre Van Gogh venu se faire soigner chez le docteur Gachet à Auvers-sur-Oise. Terribles derniers jours partagés entre une création intensive, des amours malheureuses et surtout le désespoir.

Jacques Dutronc dans Van Gogh

Mon avis :
"Je ne vais pas faillir à ma réputation : je suis surtout content ce soir pour tous les cris et les sifflets que vous m'adressez. Et si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus". Cannes, 1987. Maurice Pialat reçoit des mains de Catherine Deneuve une Palme d'Or sévèrement controversé, reçu pour son Sous le soleil de Satan. Des sifflements. Des cris. Hué, Maurice Pialat leur lance au visage cette citation culte, désormais, du festival. Et lève le point. Haut, haut. Qu'ils aillent donc se faire voir ! Il sourit. S'en va. Digne. Toujours hué, jamais applaudi.
Lui qui s'était tant énervé, tant rebellé, tant fâché contre le monde entier, approche ici l'apaisement total. Avec sa caméra se baladant tendrement sur les toiles de Van Gogh, le bleu intense de ses ciels, la beauté de ses paysages, Pialat ne cherche jamais à recréer des tableaux cinématographiques. Il filme, et c'est très beau, traque surtout, une preuve du génie du peintre. Et son désespoir. Son regard noyé dans la douleur, sa tendance imprévisible, lunatique. Souvent de dos, comme pour se fuir lui-même. Et finit, donc, par mourir. Dépressif. Suicidé. Recroquevillé sur son lit. Comme une larve, d'une maigreur affolante. Intelligence flagrante du film ? Jacques Dutronc, bien sûr, et son jeu honnête, parfait. Et, aussi, le fait que Van Gogh le mythe ne soit plus tellement un mythe. C'est désormais un homme, l’homme avant l’artiste, qui fixe le monde avec des yeux insoutenables de mélancolie. Regardant, assis en tailleur, les paysages, les situations qui l'ont tant inspiré : un vaste chant, le blé courant à perte de vue. Le vent. Le ciel. Les fleurs. La verdure. La bourgeoisie. Une jeune fille jouant au piano. Son propre visage...Van Gogh se fiche de tout, de ce qu'on pense, de ce qu'on dit. On lui parle. Il ne répond pas. Il reste, pensif, et se tait. Les autres le traitent de fou. Qu'importe. On lui rend un service. Il ne remercie pas. Il meurt. Seul. Personne ne l'oubliera. L’illustration de son caractère, par contre, est pleine d’ironie. On retrouve, dans l’angle incompris du peintre, un cinéaste qui existe. Ce cinéaste qui, à la force de cette ressemblance caractérielle, met au point, volontairement ou pas, une sorte de formule, de théorème cinématographique. Irrémédiablement, dès qu’on voit apparaître Van Gogh et sa drôle de silhouette écrasée, doutant, regrettant, on pense à Pialat. Van Gogh et Pialat. Pialat et Van Gogh. Paisible, l’un fixe tendrement l’autre, l’autre touche de ses yeux le monde, la vie, les paysages, les lieux qu’il peint sans cesse ; tout cela baigné de lumière, de couleurs jaunes, rouges ou vertes, là où surgissent les fleurs, où respire la nature, où tourbillonnent les feuilles dans le vent et dans le ciel comme sur ses toiles éclatantes, sources véritables d’un mythe qui ne se taira jamais. 17/20.

Van Gogh



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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 14:22

RÉALISATION : Max Ophüls. PAYS : France. GENRE : Drame. ANNÉE DE SORTIE : 1953. DURÉE : 1h 40. AVEC : Danielle Darrieux (La Comtesse Louise de...) ; Charles Boyer (Général André de...) ; Vittorio De Sica (Baron Fabrizio Donati) ; Jean Debucourt (Monsieur Rémy).

Madame de...

Synopsis : Pour payer une dette de jeu, Madame de... vend les boucles d'oreilles en forme de coeur que son mari lui a offertes. Quelque temps plus tard, le baron Donati dont elle est amoureuse lui fait cadeau des mêmes boucles d'oreilles.

Madame de...

Mon avis : Le cœur, dans ce film, est partout à la fois. Sur des boucles d'oreilles, tout d'abord. Et chez Madame de..., qui, d'une certaine façon, le découvrira, petit à petit, au fil de ses mensonges et de ses valses costumées. La mise en scène d'Ophüls, toute de grâce, de lumière, de douceur est de légèreté, à toute l'inestimable et métaphorique valeur de ces boucles d'oreilles. Se baladant, de villes en villes, de pays en pays, de mains en mains, de cœurs en cœurs. Elles attisent le trouble, captent la vie, celle de Madame de...Comment s'appelle-elle déjà ? On ne le sera jamais. Le visage de Darrieux, au vide se reflétant dans les nombreux miroirs ornant la salle où elle aura tant dansé, ne nous le dévoilera pas non plus. Mais, l'insolite quiproquo tournant (encore !) sur ces deux bijoux, nous éclaircira. Plus d'une fois. Et ce plan final, au cœur d'une église où Madame de... aura tant prié, clôturera cette histoire d'une douleur absolue. Celle d'une femme enveloppé dans la couverture dure et douce à la fois d'une vie luxueuse, certes, morose et insignifiante surtout ; emportée soudain dans un tourbillon de sentiments qu’elle n’avait guère ressenti auparavant. L'amour, d'abord. Le chagrin, aussi. Le désespoir, malheureusement. La vie, également. Et la mort, pour finir. Tragique et splendide, le film vacille autour de cette dissuasion que Louise se forcera à prononcer envers l'homme qui la passionnera : "Je ne vous aime pas, je ne vous aime pas,  je ne vous aime pas..." Comme pour se cacher, au milieu de ses nombreux mensonges, de cette vérité trop dure à porter qui la révélera et qui la tuera. 18/20.

Madame de...



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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 13:18

RÉALISATION : Marcel Carné. PAYS : France. GENRE : Drame, romance. ANNÉE DE SORTIE : 1945. DURÉE : 1ère époque "Le boulevard du crime" : 1h 40 environ. 2ème époque "L'homme blanc" : 1h 30 environ. Durée totale : 3h 10 environ. AVEC : Arletty (Garance) ; Jean-Louis Barrault (Baptiste Debureau) ; Pierre Brasseur (Frédérick Lemaitre) ; Marcel Herrand (Lacenaire).

Synopsis : 1840, boulevard du crime. Les amours contrariés de Garance et du célèbre mime Deburau, tous deux séparés par d'autres amours : Lacenaire, Frédérick Lemaître et un richissime comte pour Garance, la fidèle, aimante et malheureuse Nathalie pour Baptiste.

Mon avis :
Le monde est une scène.
Vaste.
Sans fin.
On y cri.
On y hurle
On y danse
On y chante.
Et la vie est une pièce de théâtre. Elle en a sa dimension, un côté vaudeville, un côté tragique. "Les enfants du paradis" s'ouvre et se clôt avec des rideaux, les rideaux "des Funambule", le théâtre de la passion. De l'amour. De la vie. Deux de ces enfants du paradis réinventeront l'histoire sans fin de leur amour éperdue, sur le lieu clé de leurs passion. L'homme blanc, prodige du mime, si gai et si triste, jouera sur scène sa propre douceur, ne se taira jamais, parlera avec ses gestes, avec son cœur, pour la femme magnifique qui l'enchantera.
Elle, Garance au nom de fleur, rira sans cesse, chantera son bonheur sur tout les toits, mais personne ne la verra vraiment. Tel qu'elle est. Libre. Seule sur la scène, elle ne se dédoublera pas, ne jouera aucun rôle.
Existera, simplement. Ne se soumettra pas au temps, partira, reviendra, sans arrêter de rire.
Le scénario de Jacques Prévert, aux mots coulants, fleuve de paroles, ciel de poésie, montagne de  dialogues suivra grandiosement ces deux enfants.
Le spectacle infini et grouillant de leur existence passionnée.
Les acteurs, parfaits, apporteront chacun, avec leurs jeux soigné et leur gestuelle verbale et physique travaillée, un nouvel accomplissement dans chacune, mais vraiment chacune, des scène où ils apparaitront.
Et les décors, la lumière, les plans, la musique...Tout ça à son paroxysme !
Rare sont les films qui nous donnent une telle envie de vivre. Rare sont les films qui nous émeuvent autant.
Cinq ans environ plus tard, Eve de Joseph Mankiewicz sortit en salles. Je ne le mentionne pas pour faire le rapprochement de son sujet (le théâtre) avec celui-ci (le théâtre également). Mais je me souviens d'une petite phrase, pas culte pour un sou, ni extraordinaire pour autant, que Bette Davis, excédée, répétera de nombreuses fois dans un contexte que vous trouverez dans le film.
Cette petite phrase était "Plein de feu et de musique".
Et, bien, ces enfants du paradis là sont pareils.
Pleins de feu et de musique.
De gaieté et de tristesse.
D'amour et de vie.
La vie. C'est si simple la vie.
L'amour. C'est si simple l'amour.
Simple. Le film l'est aussi.
Et c'est du bonheur à l'état pur...
20/20.



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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 13:15

Toni Collette dans Muriel

TITRE ORIGINAL : Muriel's Wedding. RÉALISATION : Paul J. Hogan. PAYS : Australie, France. GENRE : Comédie dramatique, sentimentale. ANNÉE DE SORTIE : 1994. DURÉE : 1h45. AVEC : Toni Collette (Muriel) ; Bill Hunter (Bill Helsop) ; Rachel Griffiths (Rhonda) ; Sophie Lee (Tania).

Sophie Lee, Toni Collette dans Muriel

Muriel, boulotte de vingt-trois ans, maladroite et ridicule, tête de Turc de ses copines, étouffée par sa famille, attend le prince charmant en écoutant ABBA et en feuilletant des catalogues de robes de mariée dans une ennuyeuse petite station balnéaire. Le prince charmant se faisant attendre, elle décide de partir à sa recherche à Sydney.

Rachel Griffiths, Toni Collette dans Muriel

Mon avis :
"Mais...C'est Deirdre Chambers ! Quelle coïncidence !!!"
Les idées reçus ont la vie dure, et non, "Muriel" n'est pas un petit film sympathique pour minettes de huit ans friandes de discours bien dégoulinant tel que « T’es-peut-être-moche-extérieurement-mais-tu-est-belle-intérieurement-alors-arrête-de-te-lamenter »...C'est un OVNI kitsch et jubilatoire, profond, très, sur une sorte de forme de vie. Muriel (Toni Colette, coquette et géniale), et sa curieuse forme de vie, au beau milieu d'une famille de dingues. Une forme de vie qui, justement, donne envie de vivre. Avec sa folie douce et sa tendresse sincère, Paul J. Hogan capte quelques genres cinématographiques qui contenaient tout le potentiel clichetonneux du film. Le conte fantaisiste à la Disney sur les mystères de l'amouuuuuur, par exemple. Et contourne ça, presque gentiment, par un sursaut d'inventivité, un poil de cruauté, une ironie qui aurait fait pâlir Mankiewicz et un humour assez cru. Il cerne tout les artifices : ceux du mariage, de l'amitié, et de l’existence. Déglingue l’hypocrisie. Enterre le superficiel. Cerne l’ordinaire. Symbolise notre société. Au fur et à mesure de l'évolution du récit se dessinent pourtant des bribes scénaristiques plus intimistes, plus noires. Muriel se dévoile alors en comédie sentimentale plutôt mutante, il faut dire, voir même dramatique. Chaque personnage gagne en profondeur, enfermé douloureusement dans sa sphère intérieure, et peut émouvoir. La mère, surtout ; La fille, la sœur, la copine, le copain …Au rythme des chansons d’ABBA, la mélancolie s’amoncelle, et plus insolite encore : l’arrivée des regrets de vies manquées, la beauté pour l'une, le bonheur pour l'autre, l'amour pour le troisième. La cruauté de l'existence, qui en détruira certains, permettra à d'autres de comprendre la vie. Leurs opposés, des êtres un peu has been, un peu touchants, finiront vides, troublés, mais pas inutiles. Juste dominés par la peur de l'échec. L'échec. Ce vieux cauchemar...18/20.

Toni Collette, Bill Hunter dans Muriel



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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 13:05

Billy Boyle et Ryan O'Neal dans Barry Lyndon

RÉALISATION : Stanley Kubrick. PAYS : G-B. GENRE : Film historique, drame. ANNÉE DE SORTIE : 1975. DURÉE : 3h 10 environ. DISTINCTIONS : Oscar des meilleurs costumes, des meilleurs décors, de la meilleure photographie, de la meilleur adaptation musicale. AVEC : Ryan O'Neal (Redmond Barry "Barry Lyndon") ; Marisa Berenson (Lady Lyndon) ; Patrick Magee (Le chevalier de Balibari) ; Hardy Krüger (Capitaine Potzdorf).

Ryan O'Neal, Patrick Magee dans Barry Lyndon

Synopsis : Au XVIIIe siècle en Irlande, à la mort de son père, le jeune Redmond Barry ambitionne de monter dans l'échelle sociale. Il élimine en duel son rival,un officier britannique amoureux de sa cousine mais est ensuite contraint à l'exil. Il s'engage dans l'armée britannique et part combattre sur le continent européen. Il déserte bientôt et rejoint l'armée prussienne des soldats de Frederic II afin d'échapper à la peine de mort. Envoyé en mission, il doit espionner un noble joueur, mène un double-jeu et se retrouve sous la protection de ce dernier. Introduit dans la haute société européenne, il parvient à devenir l'amant d'une riche et magnifique jeune femme, Lady Lyndon. Prenant connaissance de l'adultère, son vieil époux sombre dans la dépression et meurt de dépit. Redmond Barry épouse Lady Lyndon et devient Barry Lyndon, brute cruelle et arriviste. Plus dure sera la chute...

Barry Lyndon

Mon avis : Les couleurs se déplacent à l'écran. Les costumes se dévoilent, véritable farandole de vêtements, se froissent, travaillés avec goût, où paraît la beauté frappante des textiles. Les décors, majestueux, se dressent, immenses, devant les personnages. Ceux-ci se placent, mouvement géométriques de leurs pas, classe incarnée, allure distinguée, et prennent la pose, au milieu de paysages somptueux. Et le spectateur, lui, regarde. Regarde ce qui est peut-être la plus remarquable définition du cinéma. Contemple. Découvre. Sa beauté froide, glaciale, tragique. Funèbre. Chaque plan paraît comme un tableau d'époque, où éclate sa symétrie, sa grandeur, sa virtuosité. Dans chaque visage se dessine cette même impression de perte inévitable. Cette fin. Cet échec, qui résonne et qui effraie chaque homme détruit par sa soif. Sa soif de pouvoir, de richesses, d'amour, qui le transformera en brute. On retrouve le même pessimisme qui obstine tant Kubrick. La même mélancolie oppressante. Le même combat torturé opposant les multiples facettes de l'être. Barry Lyndon est une oeuvre d'une grande beauté, gravement désincarnée, méditant douloureusement et constatant d'un regard triste la défaillance humaine et de ce qu'il en reste dans une société corrompue, s'éteignant, fondant comme une simple bougie. Une simple bougie, à la flamme dansante éclairant les nombreuses peintures où éclatera, à jamais, la froideur d'un monde courant à sa perte. 20/20.Ryan O'Neal et Marisa Berenson dans Barry Lyndon

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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 11:45

Il était une fois en Amérique

TITRE ORIGINAL : Once Upon a Time in America. RÉALISATION : Sergio Leone. PAYS : U.S.A, Italie. GENRE : Drame, Policier. ANNÉE DE SORTIE : 1984. DURÉE : 3h 40. AVEC : Robert DeNiro (Noodles)  ; James Wood (Max) ; Élisabeth McGovern (Déborah) ; Treat Williams (Jimmy O'Donnell).

Robert De Niro dans Il était une fois en Amérique

Synopsis : Il était une fois deux truands juifs, Max et Noodles, liés par un pacte d'éternelle amitié. Débutant au début du siècle par de fructueux trafics dans le ghetto de New York, ils voient leurs chemins se séparer, lorsque Noodles se retrouve durant quelques années derrière les barreaux, puis se recouper en pleine période de prohibition, dans les années vingt. Jusqu'au jour où la trahison les sépare à nouveau.

Il était une fois en Amérique

Mon avis : Trois heures et demie. Je suis d'accord, c'est long. Interminable...Ça on peut l’admettre. Mais, summum de tout ce que le cinéma aura put nous offrir, Il était un fois en Amérique défile paradoxalement en un éclair, comme en un claquement de doigts. Le sourire en gros plan de DeNiro, qui marque le début de la fin du film, son générique, provoque chez le spectateur un bref étouffement, un furtif frisson de jubilation...Le bonheur, tout simplement. Cette immensité de minutes, défilant à la file, aura été nécessaire. Sergio Leone, réalisant ici son film testament, y approfondit dedans deux choses, aidant à aboutir à la puissance de son œuvre : La vie, tout d'abord, grouillant à tout les coins de ses plans parfaits. Et le cinéma. Du moins, sa métaphore. Monstrueux de perfection, tout y est à son sommet : décors, réalisations, acteurs, actrices...Et puis il y a le temps, ne se contentant plus d’être anecdotique : la vieillesse, la jeunesse, passant et s'enfuyant à la force de la longueur du film. Et aussi l'émotion, s'échappant de tous les visages et de toutes les notes splendides de la musique de Morricone. D'une beauté hallucinante, cette grande fresque glisse aussi lentement sur le fil de la nostalgie, des choses qui restent, des choses qui s'en vont, comme l'amitié, au fil des années. Les chef-d’œuvres sont aussi des monuments écrasants. Celui-ci à toutes les élégances. 19/20.

Il était une fois en Amérique



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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 09:29

TITRE ORIGINAL : Being There. RÉALISATION : Hal Ashby. PAYS : U.S.A. GENRE : Comédie dramatique. ANNÉE DE SORTIE : 1979. DURÉE : 2h 10. DISTINCTIONS : Oscar du meilleur acteur dans un second rôle (Melvyn Douglas). AVEC : Peter Sellers (Mr. Chance) ; Shirley MacLaine (Eve Rand) ; Melvyn Douglas (Benjamin Rand) ; Jack Warden (Le président Bobby).

Synopsis : Les aventures d'un jardinier de Washington naïf et simplet prénommé Chance. Mr Chance est tellement naturel que chacune de ses phrases va être prise pour un véritable oracle et qu'il va devenir la coqueluche du pouvoir.

Mon avis : La tendresse. C'est le principal élément de ce film fabuleux, qui, sans avoir pris une ride, remonte le moral et qui fait chaud au cœur, par ses engagements humains et sincères, au second degrés joué au premier. Bien avant Forrest Gump, ou autre Rain Man, Hal Ashby racontait avec tact et intelligence l'histoire d'un jardinier simple d'esprit pris pour un saint-esprit, sortit de chez lui pour la première fois à 50 balais, coqueluche des médias et du pouvoir, éduqué par la télévision. Le cinéaste, aux mouvements de caméra d'une gracieuse légèreté, se joue de la langue, il l'épingle, la transforme, et fait de même avec les puissants. Il ne critique pas, il constate, de manière apolitique : se sont des personnalités importantes, pas franchement mauvaises, justes un peu aveugles...Des hommes. Pas de langue de bois ou de discours réactionnaires, pas de contraste entre le citoyen et le puissant. Juste des hommes. Séduits par la simplicité des esprits, des cœurs. En fait, c'est une histoire sans héros. Une œuvre claquante de poésie botanique, irrévérencieuse et drôle, où, grâce au franc naturel de Chance, les personnages apprendront et deviendront meilleurs. Où le génie de Peter Sellers nous éclatera une fois de plus au visage, son air calme et ahuri, tendre et souriant...On parlera pour lui, il parlera pour nous. Il rendra, et seul, les gens heureux, sans jamais s'arrêter de marcher, chancelant, au-dessus de la vie de tout les êtres qu'il rencontrera. Avec son beau chapeau et son costard très classe, son long manteau et son parapluie, marchant sur l'eau...Tel un dieu de la simplicité, qui habite nos esprits amusés longtemps après la splendide et mystérieuse image de la fin. 19/20.



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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 13:49

TITRE ORIGINAL : The Night of the Hunter. REALISATION : Charles Laughton. PAYS : U.S.A. GENRE : Drame, Thriller. ANNEE DE SORTIE : 1955. DUREE : 1h 35. AVEC : Robert Mitchum (Harry Powell) ; Shelley Winters (Willa Harper) ; Lillian Gish (Rachel Cooper) ; Billy Chapin (John Harper).



Un prêcheur inquiétant poursuit dans l'Amérique rurale deux enfants dont le père vient d'être condamné pour vol et meurtre. Avant son incarcération, le père leur avait confié dix milles dollars, dont ils doivent révéler l'existence à personne. Pourchassés sans pitié par ce pasteur psychopathe et abandonnés à eux-mêmes, les enfants se lancent sur les routes.



Mon avis : Love. Hate. Amour. Haine. L'amour et la haine, dans ce seul et unique film (et chef d'oeuvre) réalisé par l'acteur Charles Laughton, sont bien durement liés. Unis. Ils se tiennent, mains dans la main, se croisent, se chevauchent, se mélangent, tout comme la foi et la criminalité, la douceur et la dureté, la vie la mort…Paradoxes se dessinant à la chaleur d'un noir et blanc scintillant comme le ciel étoilée. Chaque scène, justement, est mémorable, chaque plan est une splendeur, chaque virgule du scénario est le symbole pour le cinéphile d'un mystère à re-découvrir. Moderne, lyrique, fantaisiste, le film ressemble aux contes dégustés dans notre plus tendre enfance, peuplée de méchants et de petits héros : Hansel et Gretel et la sorcière, Le petit chaperon rouge et l'agressif loup, le petit Poucet et le grand ogre… Toutes ces histoires qui nous ont bercées, peuplée d'ennemis symboliques qui nous ont tous effrayés et protagonistes qui nous ont fascinés par leur courage et leur bravoures. La nuit du Chasseur, véritable poème visuel, est l'occasion de replonger dans cet univers, la mélancolie en plus. Impossible d'oublier ces quelques scènes : deux enfants s'échappant, un Robert Mitchum survolté et inspiré en faux prêcheur criminel à leur trousse, sur une barque glissant sur la rivière, la fillette fredonnant une douce chanson sous une toile d'araignée lumineuse, devant divers regards d'animaux, grenouilles, par exemple, aux yeux globuleux rivés sur le canot…Où Mitchum, brandissant le point, le mot HATE dessiné sur ses phalanges, le regard obscurcit par la sombre lueur de la nuit. Où encore, l'image aquatique de Shelley Winters, noyée et attachée par des cordes, ses cheveux se confondant avec les algues se tortillant à la force du courant…Et je ne vous parle même pas du reflet sur l'eau de deux immenses maisons, de même que celui des deux enfants, courant seulement pour s'enfuir, si ce n'est qu'après leur liberté… On frissonne toujours à la vue de cette merveilleuse ballade, en réponse à sa beauté visuelle, douce symphonie coulant comme une barque sur la rivière, nénuphars et étranges bestioles parsemant le cours de l'eau, le temps qui s'enfuie, le cycle de l'enfance qui dure, encore, toujours, sans cesse …18/20.



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Genre : Petit blog avec prétention

 

Création : Août 2010

 

Sujet : Culture, Cinéma

 

Fondateur : Le plus beau, le plus intelligent, le plus pertinent, le plus cinéphile, le plus au-dessus de la basse populace...Ptit Ciné !


Films favoris :

 

1. The Truman Show (Peter Weir)

2. Barry Lyndon (Stanley Kubrick)

3. Batman, le défi (Tim Burton)

4. Les enfants du paradis (Marcel Carné)

5. Boulevard du crépuscule (Billy Wilder)

6. Metropolis (Fritz Lang)

7. La Nuit du Chasseur (Charles Laughton)

8. Holy Motors (Leos Carax)

9. Ed Wood (Tim Burton)

10. Eve (Joseph L. Manckiewicz)

11. Reservoir Doggs (Quentin Tarantino)

12. Magnolia (P.T. Anderson)

13. Eternal Sunshine of the Spotless Mind (Michel Gondry)

14. Kill Bill Volume II (Quentin Tarantino)

15. M le Maudit (Fritz Lang)

16. Cris et chuchotements (Ingmar Bergman)

17. Fenêtre sur cours (Alfred Hitchcock)

18. Shining (Stanley Kubrick)

19. Elephant Man (David Lynch)

20. Toy Story 3 (Lee Unkrich)

 

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